Les fondements de la Socianalyse

La Socianalyse désigne une pratique d’investigation collective, la théorie de l’action sur laquelle cette pratique s’appuie et la situation technique mise en œuvre par un collectif analyste.

Les postulats et les principes de la socianalyse se concrétisent dans une pratique exercée par les socianalystes et les participants aux dispositifs socianalytiques. La pratique socianalytique donne à voir et développe le jeu de l’imagination-cooptation, ressort inhérent à tout rapport social, et donc à la mise en œuvre de tout projet.

Postulats

L’entité praxéologique : Au regard de la socianalyse, toute entité sociale a une vie propre et une existence qui ne se réduisent ni à celles de chacun de ses membres pris individuellement, ni à sa définition institutionnelle. Ces entités ont des frontières identifiables, délimitables, mais en mouvement permanent. Ses membres sont considérés comme représentant l’entité par-delà leur individualité.

 

L’imaginer-coopter : Au regard de la socianalyse, l’imagination et la cooptation sont deux ressorts indissociables de l’action. Toute entité se construit et se perpétue par l’imagination de projets amenant l’association de nouveaux partenaires et modifiant ses frontières. C’est ce qui est saisi à travers la « tâche d’imagination-cooptation » ©.

 

La relation observateur-observé : Toute action enclenche entre les catégories d’acteurs un jeu réciproque d’observation, d’imagination et d’interprétation des actions, des visées et des propos tenus. Ce jeu se traduit dans la façon dont les acteurs s’opposent et s’associent dans la conduite des projets.

 

La double division interne-externe : La vie d’une entité procède des rapports entre ses catégories d’acteurs internes ; elle procède aussi, simultanément des rapports entre ses catégories internes et les catégories d’acteurs relevant d’autres entités avec lesquelles elle est en relation. Dans l’action, ces rapports sont en redéfinition permanente à travers des processus de catégorisation, de partition, de composition et recomposition.

 

Des dispositifs techniques constitutifs de l’intervention : Le jeu de la relation observateur-observé entre acteurs et entre catégories d’acteurs peut être un levier pour l’analyse et la compréhension des ressorts de l’action, s’il est pris en compte et intégré dans la construction des dispositifs d’intervention. Cette dimension est d’autant plus essentielle que tout intervenant externe est lui-même objet d’observation et d’interprétation. Accéder à l’observation des mouvements à l’œuvre dans les relations et les accompagner en respectant l’intégrité des entités nécessite des outils adaptés

 Principes

Une situation pluricatégorielle : Pour accéder aux enjeux d’une situation ou pour développer un projet, l’exploration doit être menée avec différentes catégories d’acteurs concernées par l’action ou par l’enjeu. La situation technique est donc pluricatégorielle. Le groupe des socianalystes constitue une catégorie à part entière, dans une position spécifique.

 

Une situation protégée de « simulation-action »  : L’accès à ce qui guide et entrave l’action ne peut être direct : trop frontal, trop explicite, il risquerait de rendre l’exploration impossible (silence des participants, maintien des propos et des positions habituels…) ou de mettre par la suite en danger les personnes et les entités. Les situations d’intervention sont construites pour que les échanges soient protégés.
Le principe est de déplacer les processus à l’œuvre entre et au sein des entités en les transférant dans une situation délimitée et encadrée (situation de « simulation-action »).

 

Le collectif analyste : La socianalyse postule que pour intervenir auprès d’une entité il faut être une autre entité, avec une composition plurielle elle aussi (des anciens et des nouveaux, des femmes et des hommes etc.).
Les relations entre le collectif analyste et l’entité porteuse du projet se traduisent notamment par la reconnaissance mutuelle d’une offre technique et d’une demande à travers l’établissement d’un contrat

 

Une durée d’intervention suffisante : Les entités s’inscrivent dans une temporalité et une histoire, et sont prises dans un flux d’événements. Saisir les rapports entre le projet et la manière dont il s’inscrit dans ce flux implique un investissement dans une certaine durée. Celle-ci varie selon les situations mises en analyse et les dispositifs.